Monument permanent de notre horizon culturel, premier poète national américain selon Nabokov, Edgar Allan Poe (1809-1849), de son vivant souvent méprisé, est devenu en près de deux siècles une figure tutélaire pérenne du monde des arts et des lettres. Comme l’attestent les innombrables rééditions de son œuvre, ainsi que les reprises, réécritures ou hommages discrets, littéraires, cinématographiques ou autres (musique, bande dessinée, culture numérique), l’influence de Poe est considérable. Le phénomène n’est pas nouveau : on sait quel fut en France son ascendant sur les poètes symbolistes et modernistes, les surréalistes ainsi que le cinéma d’avant-garde. Et comment ne pas songer aux célèbres relectures de « La Lettre volée » par Lacan et Derrida ? Si l’on ajoute à cette liste ceux qui aiment à voir en Poe l’inventeur de la science-fiction, du récit policier et du gothique intériorisé, alors force est de constater que nul n’est à l’abri de l’influence poesque.De nos jours, le fantôme d’Edgar Poe semble incarner toutes nos hantises et nos obsessions. Il constitue surtout un formidable réservoir de potentialités créatrices. C’est la raison pour laquelle les auteurs de cet ouvrage ont choisi de s’intéresser aux modalités de sa persistance au XXIe siècle, par-delà les frontières artistiques, nationales et linguistiques..