En 1970, Kate Wilhelm imagine une époque où l’amour de la nature est synonyme de folie.
« Jan, s’il te plaît, retournons tous les deux dans la tente. As-tu déjà passé une nuit en entendant la pluie au-dessus de ta tête ? As-tu déjà vu tomber de la neige bien blanche qui ressemble à un tapis éblouissant ?
— Tu sais bien que non.
— Quand nous rentrerons à la maison, nous nous retrouverons au soixante-deuxième étage, avec quarante-sept autres étages au-dessus de notre tête. Nous ne verrons tomber du ciel que des particules de poussière qui s’accrocheront à nos fenêtres ou à nos vêtements. »
Dans un monde surpeuplé, ravagé par la pollution et où les ressources s’épuisent, des expéditions scientifiques sont organisées pour trouver des territoires à exploiter, non pas dans des contrées lointaines mais à d’autres époques.
Lorin et Jan, un couple de biologiste et bactériologiste, font partie d’une de ces expéditions et découvrent un futur vierge de traces humaines, où aucune espèce animale n’a survécu et où les séquoias géants ont remplacé les chênes, hêtres et bouleaux. Tandis que Jan est prise de panique face au silence qui règne dans la forêt et semble impatiente de retrouver son quotidien au 62e étage de sa tour, son compagnon Lorin y voit la promesse d’une vie paisible, reconnectée avec la nature et décide de tout mettre en place pour ne plus repartir…
Cette nouvelle de 1970 révèle, à travers les visions dissonantes d’un couple pourtant uni, des préoccupations écologiques précoces.