« J’ai pourtant vécu, j’ai travaillé, j’ai mangé, picolé, ri et pleuré et baisé avec eux, au milieu d’eux, j’ai collaboré car c’était ma mission au Département, avec le Chef, officiellement pour la défense et l’honneur de l’Union, de la démocratie. J’ai collaboré avec la honte. Des heures, des années noires. Machinistes, soldats, policiers, ce sont nos frères qui oeuvrent, nos collègues, nos amis, je les connais, je les côtoie, je sais qu’ils recommenceront, qu’ils pourront pas faire autrement. Parce que lorsqu’on reçoit l’ordre, n’importe quel ordre, surtout celui qui semble anodin, on touche à sa propre vérité. »
Dans une Europe gangrénée par des états-policiers, les fascismes ethniques, la déroute citoyenne, recruté par le Bureau des enquêtes fédérales, Frank Malissol devient un flic d’élite. Envoyé à Paris, il est chargé d’une mission à haut risque : enquêter sur les dérives du Département de contrôle des Zones, ces no man’s lands où s’entassent les « Feujs », les « Barbus », les « Niaks » et les « Slavos ». Mais traquer les origines de l’explosion sociale a un prix : accepter d’être le poing de l’État ou son cerveau malade.
Et si cette apocalypse était pour demain, vous, vous qui n’êtes pas des flics, que feriez-vous à leur place ?
Haletant de bout en bout, le thriller de L. Albar est un véritable cri d’alerte. C’est aussi un grand roman psychologique, géopolitique et visionnaire, dans la lignée des Dantec, Philip Kerr (La Trilogie berlinoise) et Blade Runner, qui décape une bonne part des représentations aveuglant notre société.
Yellowstone est un récit écrit avec les tripes et dont on ne sort pas indemne.