Un meublé dans la pénombre rassemble en six parties et par ordre chronologique des fictions, des essais, des poèmes de Nelson Algren parus parfois dans des magazines mais jamais rassemblés dans aucun recueil, notamment un récit sombre, ambitieux, longtemps inachevé, « Le piège », et un chef-d'oeuvre inédit « La chambre sans lumière »... L'ensemble lève le voile sur les obsessions et sur l'existence d'un homme devenu aujourd'hui une sorte de conscience de la démocratie américaine. Politiquement de gauche, rangé du côté des plus démunis, faisant de la violence sociale l'un de sesthèmes de prédilection, Algren est le modèle de l'auteur engagé. La vocation de l'intellectuelécrivain est claire à ses yeux : il doit se tenir auprès des malheureux, ne jamais faillir à sa tâche car ses contemporains ont besoin de lui. Son oeuvre est un cri d'alarme. Ainsi, ses personnages préférés sont des antihéros : prolétaires, marginaux, drogués, joueurs de poker, boxeurs, prostituées, voleurs ou sans-abri, tous admirables parce qu'ils ont su garder leur vitalité, leur parler vrai, leur obstination à vivre. Aux yeux d'Algren, c'est dans la pauvreté et le sacrifice des richesses matérielles que l'homme parvient à se dépasser. L'écrivain est l'égal de ses personnages, un exclu, un « clochard céleste ». Il est aussi un visionnaire. C'est pourquoi, avec Un meublé dans la pénombre, oeuvre multiforme et critique déjà porteuse des thèmes de la Beat Generation, au style plein d'humour, aux intrigues situées dans les bas-fonds de Chicago, Algren nous touche et s'adresse aux lecteurs de notre temps. Ici, chaque texte est unique, irremplaçable et ajoute à notre connaissance d'un grand écrivain américain - mais aussi de l'Amérique, et du coeur humain.