Dans la guerre froide – la révolte et son double
Rock, soul, reggae et autres musiques
“Un livre aurait déjà pu être écrit à cette époque, mais l’entreprise paraît plus pertinente aujourd’hui, avec le mythe qui grandit d’année en année. C’est donc un témoignage sur une maison de disques qui a vraiment existé, sur son originalité propre, sur son intemporalité. À contre-courant. Parfois, il faut se méfier de l’eau qui dort.”
4AD est un label légendaire. Créé en 1980 à Londres, en pleine effervescence du post-punk, de la new wave et du rock indépendant, il est l’emblème de la scène alternative des deux décennies suivantes. 4AD, c’est d’abord la figure mythique et énigmatique d'Ivo Watts-Russell, découvreur de groupes cultes. En citer quelques noms suffit à donner le vertige : Nick Cave et The Birthday Party, Dead Can Dance, Pixies ou encore Cocteau Twins. Mais au son s’ajoutent les images : les pochettes saisissantes signées Vaughan Oliver, identifiables au premier coup d’œil. Cette alliance entre musique novatrice et graphisme racé a forgé l’esthétique farouchement singulière d’un label exceptionnel.
Pour Martin Aston, écrire ce livre l’aura autant “captivé que submergé, documentant non seulement un label musical visionnaire mais une époque tout entière”. Rien n’est oublié : des seconds couteaux aux protagonistes principaux, tous sont convoqués pour retracer minutieusement l’histoire de cette épopée extravagante, de 1980 jusqu'à la première décennie des années 2000. Loin d’une somme réservée aux connaisseurs, cette chronique immersive et frénétique restitue l'énergie ardente du label au travers d’anecdotes, glanées au fil de plus d’une centaine d’interviews.
L’histoire de 4AD et de son succès est aussi celle d’un moment charnière dans l’histoire du rock, le passage douloureux et contradictoire de l’underground au mainstream. À une époque où la musique souffre toujours de l’industrialisation contre laquelle le label se dressait dès ses débuts, son héritage reste une source intacte d’inspiration. Plus de quarante ans après, 4AD demeure percutant, mystérieux, magnétique. À contre-courant, définitivement.
Traduit de l'anglais par Éric Tavernier.
Édition illustrée.