« Enfin, ma chère, demanda Mrs Culverin un peu émue, vous n'allez pas me dire... une queue ? »
Une queue, oui, et de chat : elle trouble le monde des mélomanes subjugués par sa virtuosité quand son étrange possesseur dirige les plus grands orchestres du monde ; et elle fascine une princesse siamoise qui ne la quitte pas des yeux. Une histoire qui ne tient pas debout, diront certains. Ils oublient les bonheurs de l'atmosphère fantastique, la plus à même de révéler l'animalité qui sommeille en chaque être humain.
Avec Stephen Vincent Benét, auteur américain doublement récompensé par le prix Pulitzer, il faut accepter de se laisser emporter par l'improbable et le mystérieux : dans l'Angleterre qu'abandonnent les légions romaines, à l'écoute d'un certain Buonaparte bavard et aigri, vers l'autre rive avec un médecin exemplaire qui préfère l'Enfer au Paradis, ou carrément sur les traces d'un Indien, survivant qui explore New York longtemps après son anéantissement.
Humaniste et visionnaire, entre humour et fantastique, Benét déploie un talent de conteur qui enchante par son ironie légère. Peut-être cette même ironie que pratiquent les chats, ces rois du monde, lorsqu'ils parlent des hommes, géants vains et fragiles.