Dans Le Mariage du Ciel et de l’Enfer, recueil de poésies en prose publié en 1790, William Blake exprime sa méfiance vis-à-vis de la conception religieuse manichéenne de la vie. En Enfer, la sagesse des démons triomphe sur celle des anges. L’Âme et le Corps ne sont pas deux entités distinctes. Le poète proclame au contraire l’unité humaine, et un nouvel ordre moral dans lequel le vice et la vertu ne feraient qu’un. Mêlant prose et poésie, humour et cynisme, il en vient à écrire une véritable apologie du Mal, à l’encontre des opinions de son époque qui encensait la Raison. Quand il évoque Jésus, c’est pour montrer les manquements du Sauveur aux dix commandements. Moderne tant par ses idées que par son style hybride, William Blake se détache ici des conceptions religieuses pour proclamer une vision novatrice de la vie, pleine de lucidité.
L’auteur : Fils d’un bonnetier anglais, William Blake (1757-1827) fut tout à la fois poète, peintre et graveur. Artiste mystique et visionnaire, il composa ses premiers poèmes à l’âge de douze ans. Plus tard, il ne les dissociera pas de son oeuvre peinte ou gravée. Refusant la morale chrétienne et le dogmatisme religieux, il fut l’une des figures de proue du romantisme anglais. Il publia notamment Les Chants de l’innocence (1789), Le Mariage du Ciel et de l’Enfer (1790), Chants d’expérience (1794).