Prisonnier dans la cage d’or de Mithra, égaré dans le labyrinthe de l’haoma, l’élixir de la mémoire et de l’immortalité, fasciné par les yeux jaunes du Père des Pères sous la cagoule, Émile ne sait plus : est-il bien l’enfant d’une fée ? Est-il l’Atar de la fin des temps, le roi des rois dont l’avènement approche, puisque Terreur et Révolution ne sont qu’une étape d’un projet séculaire ? Que reste-t-il alors des filles des eaux et de la mission à lui confiée par Mélusine ?
« L’esprit du mal change en haine la souffrance des hommes, il les dresse les uns contre les autres. » Dans l’Ouest la guerre civile fait rage. Tantôt Bleu, tantôt combattant de l’armée catholique et royale, Cornuaud, lui, traverse à grands pas fougueux la Vendée en flammes, toujours possédé par la sorcière africaine, et regagne Nantes où Carrier fait de la Loire la « baignoire nationale » de la répression.
Pierre Bordage clôt ici magistralement sa fantasy des années noires de la Révolution, dans le feu et le sang. Mais aussi « dans les chemins creux étroits veillés par les genêts touffus », dans « ce pays obscur et grave de son enfance ». En fin de compte, l’enjomineur est ce pays.