Commençons par le début, j'aime les récits vampiriques. J'aime leur ambiance sulfureuse, sexuellement équivoque, bestiale aussi. Alors, quand le manuscrit de Morgane m'est arrivé entre les mains, cela a été une grande bouffée d'air. Elle redonne à ces créatures toute leur sauvagerie, leur égoïsme, leur déviance. Non, ce n'est pas normal d'être un vampire, ça vous libère de toute chaîne, y compris et surtout celles de la morale. La force du livre, c'est son côté « on pousse le curseur à fond », sans tabou, et on voit ce que ça donne. On débarrasse le mythe de ses froufrous poudrés ou de ses mélo larmoyants pour revenir à son origine : un vampire, ça tue, ça viole, ça se fout des convenances sociales et de la vie des humains en général. Un vampire, en fait, c'est un punk !
Et entendre un punk-vampire gueuler pour l'éternité : No Future, c'est quand même fun à lire.
Avec un art de la provoc' assumé, le roman est gore, à la limite du voyeurisme, mais il résiste pourtant à la caricature grâce à une écriture alerte, un refus du manichéisme et une certaine lucidité sur l'humanité.