Nous vous attendions. Vous voici parvenus aux portes de notre jardin. Nous vous effrayons ? Trop... autres ? Ce n'est pas faux. D'ailleurs, ici, rien ne l'est. Nos mondes sont semblables au vôtre, mais nos langues vous sont étrangères. Lucidité ou folie ? Une simple question d'interprétation. Ne craignez pas nos visions prophétiques ou poétiques. Brisez la glace. Entrez. Ici, en ce jardin, le théâtre monologue avec ses doubles, les soldats font l'amour avec des fantômes, et du givre sur les vitres naissent parfois des visages... Ici nous martèlent les potentialités cognitives des hélioscaphes, les pods de transmission déclament du Shakespeare et les nerfs sont des narines sous les larmes... Ici, les colonies s'effondrent, et la prophétie passe en boucle sur Radio-Eternité... Ici, nos doubles se dandinent sur la banquise et toutes les femmes ne sont qu'une... Ici, les anagrammes chantonnent leurs énigmes à tue- tête, ici, la folie se propage par voie hertzienne, les villes sont désertes et les enfants font sans fin tourner leurs hélices... Ici, l'apocalypse a des consonances funk... Ici les éditeurs ricanent devant l'éternel... Ici, en ce jardin, les notices nous prient de les lire intégralement et les fragments se réagencent... Et partout, le langage consume son surplus de sens. Enchâssements, homophonies, visions poétiques ou prophétiques dessinent peu à peu le tracé d'un bien étrange sentier, où se devine en creux, animé par les voix entrelacées de ses auteurs, le portrait du schizo et de ses mondes. Le Jardin schizologique est l'occasion rêvée de plonger au coeur de la folie la plus tragique, mais aussi la plus féconde, et de découvrir quelques unes des voix les plus audacieuses et les plus appréciées de la SF française. Treize nouvelles schizophréniques déchirent les voiles de la littérature et de la réalité, en une anthologie réalisée par Olivier Noël, indiscible transhumain.