La Bourse est à la hausse. Le produit – le MDS-316, dernier cri de la technologie en matière d’écran holographique – va se vendre comme des petits pains. Tous les voyants sont au vert et Johnson Mukerjii, P.-D.G. de la M.D.S., se frotte les mains. C’est oublier, hélas, que la Galaxie et sa population de monstres visqueux aux yeux pédonculés ourdissent une O.P.A. hostile contre la Terre et les Terriens.
Les extraterrestres débarquent.
Non pas en envahisseurs belliqueux armés de désintégrateurs, mais en mercantis capitalistes, avec pour seule arme la loi inexorable du marché.
La Terre va tomber au fin fond du tiers-monde de la Galaxie. Mais Mukerjii sait sa leçon. À la rue, sans le sou, abandonné par une épouse vénale, il reviendra en conquérant, avec son seul savoir-faire d’industriel et le Grand Rêve américain dans ses bagages...
Fable loufoque, Space O.P.A. est aussi une critique féroce des marchés financiers et de leurs spécialistes, et une véritable démonstration de l’efficacité de l’esprit d’entreprise. Mukerjii qu’aucun malheur n’abat, qui se bat sans cesse, qui s’adapte et innove, toujours en quête de clients et de profits, est, tout simplement, un entrepreneur. L’humour de Greg Costikyan est plus convaincant encore que la rigoureuse démonstration de l’austère Capitalisme, socialisme et démocratie (Joseph Schumpeter, 1942).
Michel Pébereau, Le Journal du dimanche