En cheminant avec Henri de Régnier dans les inextricables calli de Venise ou en se laissant glisser à ses côtés sur la lagune mélancolique, en gondole, on prend la direction d'un au-delà des plus singuliers qui relève du sortilège d'un grand poète. Les descriptions de rues ou de palais de la Sérénissime sont autant de visages gravés dans une attitude majestueuse de témoins : ils ont vu, et le lecteur doit les voir à son tour, tant ils ont à révéler.
Avec ces trois contes fantastiques, que d'aucuns considèrent comme de pures merveilles de la littérature française du xxe siècle, cet auteur rare et un peu oublié a porté haut les couleurs de l'étrangeté. Son amour du passé, qui ne dénie pas au présent un certain charme, irrigue son univers littéraire : avec Venise, il a trouvé sa terre d'élection et nous y invite, élégant et raffiné.
Longtemps après la lecture de ces histoires traversées d'incertitude, leur philtre ensorcelant agit. Demeurent pour l'éternité les cadres de ces visions décrits avec un soin d’orfèvre : le ciel et l'eau, ces deux berceaux du songe et de la Ville Éternelle.
« Lisez les Histoires incertaines, mais n'en parlez à personne. »
Bernard Quiriny, préfacier