Sillonnant, au volant de sa Toyota rouge, les paysages magnifiquement désolés des Highlands d'Écosse, une jeune femme aux épaisses lunettes et à l'aguichante poitrine guette les auto-stoppeurs, jeunes, grands et musclés de préférence. La première énigme de cette fiction délirante, c'est le corps d'Isserley, dont les maux, les pulsions, les comportements laissent perplexe. Il y a dans le rituel de cette apparente obsédée sexuelle, quelque chose qui ne colle pas, quelque chose qui sans cesse déjoue la perspicacité de ses passagers de fortune - et du lecteur. Et, quand celui-ci finit par entrevoir qu'Isserley est au centre d'un univers plus terrifiant encore que ce qu'il avait pu supposer, le suspense se reconduit jusqu'aux dernières lignes. Michel Faber nous entraîne dans une narration d'une habileté machiavélique, doublée d'une fable cruelle sur le fonctionnement souterrain des hiérarchies de pouvoir dans les sociétés fondées sur la marchandise et le profit. Sous la peau est une œuvre qui échappe à toute classification et qui ne manquera pas tour à tour de fasciner, troubler, voire de choquer le lecteur.