"On se couvrira les yeux d'abord, on fuira. On y reviendra de plein fouet et on voudra tout voir, avec la rage d'un coyote. On avalera les photos, les petits films de vacances mal cadrés, les anecdotes, les souvenirs. On voudra, comme le coyote déchiquette sa proie, appuyer de tout son poids, briser la colonne vertébrale. Comprendre comment une nuit on rentre chez soi, avec sa femme, ses deux enfants qui font une vie, comment on regarde la télévision ou comment on lit ou bricole, comment on va se coucher, et comment on ressort, au milieu de cette même nuit qui appartient à cette même femme et à ces mêmes enfants qui font une vie, comment on en ressort, porté par des bras inconnus, allongé dans l'air."