La nuit, Tokyo est rouge.
C'est du moins ainsi que je la vois, comme un coeur palpitant, une flaque de sang, un néon ardent... À l'école, on m'avait appris que la capitale du Japon est une ville démesurée. C'est vrai. Et la nuit, c'est encore plus vrai : des millions de néons s'allument, les stations de métro sont bondées, les rues ruissellent de lumières et de vitrines... Mais sous ses éclats de kaléidoscope, survient alors autre chose. Un battement sourd, un murmure organique, qui vous attire et vous effraie à la fois.
Tokyo la nuit recèle des milliers de secrets et parcourir ses rues, jusqu'au bout de l'aube, s'apparente à une quête de tous les extrêmes, envoûtante, inouïe, inoubliable. Ingmar Bergman imaginait l'intérieur de l'âme comme une membrane rouge, une sorte de chambre écarlate... La nuit tokyoïte, avec ses plaisirs, ses folies, ses excès, raconte l'histoire de cette chambre - celle de l'âme humaine. Bienvenue dans Tokyo pourpre.
Jean-Christophe Grangé