Vampires, spectres, morts-vivants, momies, monstres des temps perdus… Des tréfonds du monde et de la mémoire continuent de surgir des créatures qui viennent envahir notre espace mental. Leur éternelle renaissance semble accompagner les soubresauts de notre époque troublée. Pourquoi ce retour du refoulé ? D’où viennent ces silhouettes aussi inquiétantes que familières ? Pourquoi ne parvenons-nous pas à nous arracher aux jeux spatio-temporels du monde souterrain voués à une verticalité synonyme de menace, sinon d’anéantissement ? Trouver des réponses oblige à recomposer la généalogie de cette verticalité en revisitant les sous-sols de la peur des XIXe et XXe siècles. Il s’agit de voir comment le potentiel fabulateur de la paléontologie et de l’archéologie a renoué un dialogue avec les ombres, ranimant des divinités jusque-là assoupies. Loin de tuer le fantastique, la science moderne, en “verticalisant” l’imaginaire, en exhumant tous les morts de l’Histoire, a réveillé ou réinventé les Anciens, les Ancêtres, les Êtres des commencements mythiques. Les arts de l’imaginaire – la littérature ou le cinéma, surtout – sont l’écho permanent de cette révolution des esprits qui n’a pas réussi à disperser les ombres du gothique ni les angoisses du monde des profondeurs. Du retour de la momie aux horreurs des tréfonds, en passant par l’archéologie fantastique, la nécromancie, l’Atlantide, la dinomania, les morts-vivants, les voyages au centre de la terre, Lovecraft, Rosny Aîné, Stephen King, Frankenstein, The Descent, l’ouvrage invite à descendre au plus profond des secrets des mondes et de soi, à se pencher pour mieux glisser son regard dans les brèches aux monstres.