Un couple islandais accepte l’intrusion d’un locataire étranger dans leur petit appartement, afin de pouvoir payer les traites de la maison qu’ils font construire. L’équilibre se rompt, un huis clos silencieux et très théâtral se met alors en place, qui glisse imperceptiblement vers le fantastique. Tiraillée entre l’agacement qu’elle ressent devant l’invasion de son appartement et la peur du qu’en dira-t-on, la maîtresse de maison s’étouffe dans une timidité polie et s’écrase devant l’importun, le laissant peu à peu prendre possession des lieux tandis que le mari se fond mollement aux exigences des deux autres protagonistes. En ne donnant ni noms, ni souvenirs à ses personnages, et en s’attachant aux détails de la vie quotidienne et aux moindres gestes de chacun d’entre eux, l’écrivain donne une aura universelle à son texte, portrait de la société islandaise de l’époque. La femme, cantonnée au territoire domestique, dépendante de son mari et du regard des autres, s’évertue avant toute chose à plaire et servir sans éveiller les soupçons, la malveillance et la jalousie.
Ce roman est suivi d’une courte nouvelle. Une histoire pour enfants met en scène une mère qui, prête à tout pour céder aux caprices de ses enfants, les autorise à retirer son cerveau de sa boîte crânienne. Le ton de ce récit n’est ni vraiment cynique, ni vraiment humoristique. Il dit plutôt, sur un mode grotesque, le désespoir discret de ces femmes au foyer, dont le bonheur illusoire est le premier pilier de leur solitude.