Trad. Mathilde Montier
Un roman tendre et féroce où les galeux invoquent les mythes lupins pour survivre à une société qui les dépouille jusqu’à l’os.
Il ne s’appelle pas ; il est cet anonyme, cet étranger habitant à la marge des villes avec sa tante Libby et son oncle Darren : un garçon sur le point de devenir adulte et confronté à un choix qui décidera de son avenir. Doit-il croire au pied de la lettre les récits d’apparence fantasques de son grand-père, emplis de conseils absurdes relatifs au quotidien des loups-garous, ou bien grandir comme n’importe quel enfant et rejeter cette prétendue «anormalité» qui le condamnerait à vivre en rebut? Ce n’est pas comme s’il n’endurait pas déjà cette existence de marginal, de paria.
Car comment bien s’intégrer à la société lorsque l’on déménage tous les deux mois dans une nouvelle bourgade du sud des États-Unis, que l’on loge dans des voitures ou des roulottes insalubres, que l’on se nourrit au petit bonheur la chance? Être ou ne pas être loup-garou, quelle différence, après tout?
Avec drôlerie, avec une tendresse sauvage, Stephen Graham Jones nous invite à accompagner ce garçon sur la route de son identité. Une route cabossée, pleine de cahots et de méandres sinistres, mais ponctuée d’instants de félicité qui brillent dans la nuit environnante. On ressort de cette lecture tout ébouriffé, avec des envies de hurler à la lune et de courir dans les bois, une saveur à la fois douce et puissante sur la langue.