« Tous les journalistes sont des menteurs et des putes », rappelle Manchette au fil de ses chroniques vagabondes de cinéma, virulentes, érudites, ludiques et caustiques, nourries de la devise situationniste que « l'Art est mort » et refusant la critique culturelle promotionnelle. Si selon lui le summum du cinéma fut déjà atteint avec Citizen Kane, Manchette ne dénigre pas pour autant de nouveaux réalisateurs prometteurs (Spielberg ou Carpenter) ou de distrayantes séries B. Mais c'est dans ses analyses émues de classiques (Lang, Ford, Cassavetes...) qu'il exprime toute la lucidité érudite de son regard sur l'objet cinématographique. Quant à ses détestations, elles donnent lieu à de jouissifs massacres « en règle » où l'humour stylisé et féroce de l'auteur se laisse libre cours.