Pour la première fois, un ouvrage quitte les sentiers battus de l'approche symbolique et mythique des dragons pour se livrer à une analyse détaillée du courant naturaliste qui, depuis la Renaissance, s'efforçait d'appréhender le reptile ailé comme une créature réelle, menant une existence discrète à l'abri de certains massifs européens.
Histoire naturelle des dragons suit les évolutions de l'animal conjectural à l'intérieur d'un espace à caractère scientifique. A la recherche de pièce à conviction, les érudits s'aventurent dans les mondes souterrains de la Suisse et de l'Autriche. Les grands ossements exhumés serviront de matériaux probatoires à la thèse de la réalité des dragons. Dans le cadre d'une littérature spécifique, les experts prennent parti, visant à maintenir la créature à l'intérieur du champ spéculatif ou à l'en expulser. Les récits de rencontres des montagnards avec toute une ménagerie écailleuse continuent de s'accumuler. Au Siècle des Lumières, des savants comme Johann Jacob Scheuchzer soutiennent encore la naturalité du dragon, au nom de leur tentative de compromis entre tradition et innovation. Durant le siècle suivant, des individus persistent à traquer le modèle vivant de la bête légendaire dans les solitudes de Suède ou de Russie. La jeune paléontologie permet à certains vulgarisateurs de renouveler les définitions du dragon, tandis que sous la forme amoindrie d'un lézard énigmatique, le saurien fabuleux se maintient jusqu'à nos jours dans les cultures montagnardes.
Histoire naturelle des dragons exhume un pan oublié de la découverte de l'espace européen.