Un sombre soir, à Paris, dans l'un de ces nombreux débats où des « spécialistes » ergotaient sur les différences entre le roman noir et le roman « blanc », un type mystérieux dans le public s'est levé, outré, offusqué, déclarant : « N'importe comment, il n'y a qu'une littérature, c'est la littérature allemande ! » Et, digne, impérial, il a disparu.
J'étais saisi, coincé, aplati par la sentence. Ce soir-là j'ai décidé de prendre place, un jour, sur un rayonnage de librairie spécialisé dans cette fameuse et fumeuse « littérature allemande »...
Ainsi est né Arthur Keelt (Klagenfurt, Autriche, 1902 — Paris, 1982) et son unique et bref récit, Le Merle (Die Amsel), écrit en 1954 dans les montagnes de Styrie...
Selon Jean-Bernard Pouy, il se voulait un bouddhiste atypique. Peut-être doit-il à cette disposition d'esprit une écriture toute de simplicité et qui parfois atteint la grâce, ainsi qu'une rare hauteur de vue (2277 m).
« Vous êtes décidément trop nuls, néfastes et dangereux. On repart prendre du matériel et on revient vous péter la gueule. »