Cet essai sous forme de notes ne prétend nullement analyser de manière exhaustive l’oeuvre de David Fincher, dont l’évocation de quelques titres (Seven, Fight Club, Zodiac, The Social Network, Panic Room, Millénium, House of Cards…) suffit à faire frémir les consciences cinéphiles. Il s’agit plutôt d’une tentative d’approche de ses films à travers des fragments d’images fixes. Cliché médico-légal, amateur voire érotique, images d’archives, albums de famille : la photographie se décline, dans le cinéma de Fincher, sous sa forme la plus évidente, appelant implicitement la mémoire des grands photographes contemporains (Witkin, Hido, Arbus…). Largement tourné vers les images de synthèse, l’oeuvre du réalisateur américain est pourtant travaillé en profondeur par une fascination aiguë pour l’image argentique. En somme, que nous disent ces lambeaux de photographies, convoqués d’un film à l’autre, de sa conception du monde et de la représentation ? À la manière de l’archéologue, nous voudrons sonder ces strates d’images immobiles en pénétrant leur chair ardente, en essayant d’en dénouer les secrets et les ombres. Car si « la photo elle-même n’est en rien animée » comme l’écrit Roland Barthes, « elle [nous] anime : c’est ce que fait toute aventure ».