Dans la guerre froide – la révolte et son double
Rock, soul, reggae et autres musiques
“Si on considère le terme ‘moderniste’ dans un sens plus large, c’est avant tout la volonté de faire une musique moderne qui animait les groupes post-punk. Ceux-ci étaient intimement convaincus que le rock avait encore des terres à conquérir, que tout un avenir restait à inventer.”
Rip It Up and Start Again (“Déchire tout et recommence”) raconte l’histoire de la musique “post-punk” entre 1978 et 1984, soit de la séparation des Sex Pistols à l’explosion de MTV. Ce sont des artistes comme PiL, Devo, Joy Division ou encore Cabaret Voltaire. C’est l’histoire d’une Angleterre où émerge, après la tornade punk de 1977, une multitude de groupes qui veulent à tout prix s’écarter du chemin “rétro-rock” pour s’ouvrir aux musiques noires et électroniques. C’est aussi l’histoire de villes américaines en résistance, New-York, San Francisco ou Cleveland, où les musiciens viennent souvent des milieux artistiques d’avant-garde et envisagent leur travail comme un instrument de lutte contre l’idéologie culturelle et esthétique qui domine leur pays. Des groupes qui, des deux côtés de l’Atlantique, jouent le jeu de l’expérimentation sonore, graphique, vestimentaire, théorique, voire économique lorsqu’ils en viennent à prendre un virage pop. C’est d’ailleurs autour de ce crucial problème du “compromis” commercial que s’articule Rip It Up and Start Again. La première partie, intitulée “Post-Punk”, retrace l’itinéraire de groupes adeptes d’innovation radicale, mais aussi des labels indépendants avec des producteurs aussi géniaux et furieux que Martin Hannett ou encore Brian Eno. La deuxième partie analyse, la “New Pop”, avec des groupes tels que Madness, Human League, New Order ou Frankie Goes To Hollywood, qui s’orientent vers des sphères moins austères, plus dansantes ou plus spectaculaires. Rip It Up and Start Again constitue le premier document exhaustif sur une des périodes (si ce n’est la période) les plus riches et excitantes de l’histoire du rock, bien au-delà des tubes pour minets et de quelques succès éphémères. Il s’agit d’un ouvrage de référence pour repenser un rock qui s’épuise à force de se parodier.
Traduit de l'anglais par Aude de Hesdin et Etienne Menu.