Je l’avais entendue babiller des années auparavant.
C’était après que la Reine Akasha eut été tuée et que Mekare, la jumelle rousse muette, fut devenue la « Reine des Damnés ». J’avais assisté à tout cela, au décès brutal d’Akasha, à cet instant où nous avions tous cru que nous la suivrions dans la mort.
C’était après que j’eus échangé mon enveloppe corporelle avec celle d’un mortel, pour ensuite retrouver mon puissant corps de vampire, ayant rejeté ce vieux rêve de redevenir humain.
C’était après que je me fus rendu au ciel et en enfer, en compagnie d’un esprit nommé Memnoch, puis que je fus revenu sur Terre, explorateur meurtri ayant perdu tout appétit pour la connaissance, la vérité et la beauté.
Abattu, j’étais resté des années allongé à même le sol, dans la chapelle d’un vieux couvent de La Nouvelle-Orléans, oublieux de la foule d’immortels évoluant sans cesse autour de moi. Je les entendais, je voulais leur répondre ; cependant, jamais je ne parvenais à croiser un regard ni à réagir à une question, à un baiser ou à un murmure d’affection.
C’est alors que je perçus pour la première fois la Voix. Masculine, insistante. Dans mon cerveau.
Qui est la Voix ? Et surtout quelles sont ses intentions ? Puissante et séductrice, elle tire les vampires les plus anciens de leur sommeil, parvenant à les asservir pour qu’ils exterminent les novices. Et tout espoir semble perdu quand la grande Maharet, troublée et impuissante, décide de fuir toute rencontre avec ses semblables et s’isole du reste du monde avec sa jumelle Mekare, la porteuse du Noyau sacré, l’origine de tous les Buveurs de sang.
Un seul être, dont tous connaissent le nom, paraît de nouveau pouvoir guider les Enfants de la Nuit dans cette obscurité. L’éblouissant rebelle sans foi ni loi, l’enfant terrible, le prince insolent : Lestat.