Par portrait, récits et scène successifs, Siébert donne ici de l'amplitude à un projet romanesque ambitieux, situé dans une ville imaginaire, métaphore sombre des enfers modernes. Version russe du Los-Angeles de Blade Runner, Mertvecgorod est une immense mégapole post-soviétique et préapocalyptique dévorée de pollution, perdue dans la toundra, pourrie jusqu'à la moelle, criblée de surnaturel, augmentée du Londres de Jack the ripper déplacé à la frontière ukrainienne, le tout cauchemardé par Ballard et généreusement nappé d'une épaisse couche de Cthulhu et d'Aleister Crowley. La bande-son idéale : Coil, Einstu¨rzende Neubauten, Diamanda Galas, Laibach. Le roman expose les grandes thématiques au coeur de ce cycle. A travers des récits tantôt violents, tantôt sordides, tantôt grotesques et bizarres, tantôt amusants et humains, Siébert se livre à une exploration horrifique de l'individu, défiant la censure et les interdits : une collection purement sadienne. Davantage encore que le sexe, ce sont ici les fantasmes, les pulsions de mort, de voyeurisme, de domination, et d'humiliation qui sont observés. L'ensemble compose un tableau très vaste et riche du monde en décomposition qui est le nôtre, une « comédie inhumaine » traversant plusieurs époques et mettant en scène des personnages de tous les âges et de tous les milieux sociaux.