Arthur Severn, jeune Anglais qui vient d’hériter de la fortune de sa tante, découvre le Connemara, s’éprend de Norah Joyce, dont le père est honteusement spolié par Murtagh Murdock, l’odieux « Gombeen Man », usurier rural détesté par toute la communauté paysanne.
Il aide son ami Dick Sutherland, géologue, à sonder la « tourbière mouvante » qui, à en croire des récits divers, serait à la fois le repaire ultime du Roi des Serpents (St Patrick n’ayant pas réussi à le chasser d’Irlande) et le lieu où est enfoui le célèbre trésor caché par les Français en 1798. L’ouest de l’Irlande, balayé par les pluies et les tempêtes est le cadre naturel grandiose d’une histoire d’amour, de cupidité et de dépossession : la « tourbière mouvante » est le lieu inattendu, insolite et dangereux, d’une exploration à la fois historique, scientifique et fantastique.
Shleenanaher ("le Défilé du Serpent") exerce une étrange fascination sur tous ceux qui l’approchent, qu’il s’agisse des autochtones ou d’Arthur Severn, « l’étranger ». L’évocation d’une nature à la fois sublime et tourmentée est le prélude et l’accompagnement d’une aventure intérieure qui verra Arthur renaître à « une vie nouvelle et plus réelle ». Rêves et cauchemars empruntés à la tradition « gothique » ajoutent leur opacité aux mystères de la légende et de l’histoire.
Par le biais de l’imaginaire collectif et individuel, l’étrange tisse ses sortilèges dans une chronique irlandaise apparemment réaliste. On peut jusqu’au bout douter de l’issue d’un combat, parfois d’une rare violence, qui mêle les convulsions de la terre et les turbulences de l’âme.