Rarement fiction sur l’Afrique aura aussi bien parlé de l’Europe. Et pour cause : dans Aux États-Unis d’Afrique, Abdourahman A. Waberi fait du continent noir le centre économique et intellectuel du monde, tandis que les damnés de la terre se concentrent dans une Euramérique miséreuse ; partant, il tend un miroir à l’Occident – celui du monde réel.
Réversibilité de l’Histoire : dans le roman, l’Afrique est une fédération d’États dont le cœur bat à Asmara – Érythrée – la capitale fédérale, un continent de cocagne à la prospérité insolente avec ses centres d’affaires aux sols de marbre, ses mégalopoles modernes et leurs McDiop à chaque coin de rue, ses artistes en vue et ses scientifiques de renommée mondiale. Un continent indifférent au sort des millions de réfugiés qui se pressent à ses frontières depuis les favelas de Zurich, Milan ou Chicago, les quatre coins de cette Euramérique ravagée par les guerres ethniques et les maladies endémiques, et qui ne survit que grâce à l’aide humanitaire africaine...
Et puis, fil conducteur du roman, il y a Maya, née dans un bidonville de la banlieue de Rouen et adoptée par une riche famille érythréenne, qui part en quête de ses origines...
Entre politique-fiction et conte voltairien, Aux États-Unis d’Afrique illustre de manière éclatante, malicieuse, grave, l’injustice ordinaire à l’échelle du monde.
« C’est un roman puissant, courageux, inventif que ce Aux États-Unis d’Afrique porté par une langue qui ne craint pas les images, le lyrisme et l’ironie. » Thierry Guichard, Le Matricule des Anges
Abdourahman A. Waberi est né en 1965 à Djibouti, il vit entre Paris et Washington où il enseigne la littérature. Depuis le Pays sans ombre (1994), premier volume d’une trilogie consacrée à son pays d’origine, jusqu’à la Divine Chanson (Prix Louis Guilloux 2015), son œuvre romanesque est traduite dans une douzaine de langues.